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Advocacy & Issues 04-17-2024

Le Budget 2024 du gouvernement fédéral visait à rendre la vie plus abordable en faisant des investissements importants dans le renforcement du filet de sécurité sociale. Ces investissements, attendus depuis longtemps, sont les bienvenus.

Toutefois, le budget néglige de s’attaquer de front à la question de l’abordabilité : il ne prévoit pas de soutien direct et concret au revenu pour les millions de Canadien ne s qui sont aux prises avec la pauvreté extrême et le taux d’insécurité alimentaire le plus élevé de notre histoire. C’est en effet près de 20 % de la population qui est touchée par ce grave problème. 

Notre analyse du Budget 2024 ci-dessous inclut ses lacunes, ses points positifs, ce que nous garderons à l’œil et ce que nous comptons revendiquer au cours de l’année à venir.

Ce qui était très attendu et n’a pas été à la hauteur

Prestation canadienne pour les personnes handicapées

Près de 30 % des familles dont le soutien financier principal vit avec un handicap sont également aux prises avec l’insécurité alimentaire. À la lumière de cette réalité difficile, nous attendions avec impatience l’annonce d’une prestation canadienne pour les personnes handicapées complète et fiable.

Nous reconnaissions qu’un financement historique a été engagé pour la nouvelle prestation canadienne pour les personnes handicapées, mais celui-ci ne suffira pas à sortir de la pauvreté les personnes vivant avec un handicap. La prestation annuelle maximale de 2 400 $ – soit 200 $ par mois – est tout à fait insuffisante et ne permettra pas de réduire les taux de pauvreté ou d’insécurité alimentaire chez les personnes en situation de handicap. 

En outre, bien qu’un financement fédéral ait été alloué pour aider les gens à soumettre une demande, le crédit d’impôt pour personnes handicapées (CIPH) demeure un programme restrictif et une approche imparfaite pour déterminer l’admissibilité à la prestation canadienne pour les personnes handicapées. 

Un financement adéquat de la prestation canadienne pour les personnes handicapées est une priorité pour Centres communautaires d’alimentation du Canada et nos plus de 350 partenaires à travers le pays. Nous nous engagerons activement sur cette question en demandant que la prestation soit bonifiée et que l’admissibilité à cette dernière soit élargie dans le but d’éradiquer la pauvreté des personnes vivant avec un handicap.

Ce que nous aimons du budget

Programmes renforçant le filet de sécurité sociale 

Nous constatons avec satisfaction que le Budget 2024 renforce le filet de sécurité sociale. 

Même si ces programmes ne réduiront pas de manière significative les taux historiquement élevés d’insécurité alimentaire, ils permettront aux gens d’économiser de l’argent, amélioreront leur qualité de vie et contribueront à apporter une certaine stabilité aux personnes qui occupent des emplois mal payés, avec peu ou pas d’avantages sociaux et des horaires de travail imprévisibles.

Les investissements prévus dans un programme national d’alimentation scolaire, un régime d’assurance-médicaments universel, un régime canadien de soins dentaires, des logements abordables et des services de garde d’enfants nous font particulièrement plaisir. 

Programme national d’alimentation scolaire

Le Budget 2024 consacre 1 milliard de dollars sur cinq ans à la création d’un programme national d’alimentation scolaire. Bien que ce programme ne permette pas d’améliorer la situation des nombreux enfants (1 sur 4!) qui souffrent d’insécurité alimentaire, il s’agit d’une mesure importante et positive qui aidera les enfants à cultiver de saines habitudes alimentaires et à réussir à l’école.

Assurance-médicaments universelle 

CCAC appuie le projet de loi récent sur l’assurance-médicaments. Nous savons que près de 50 % des adultes qui font partie d’un ménage gravement touché par l’insécurité alimentaire réduisent, retardent ou négligent la prise de leurs médicaments sur ordonnance parce qu’ils manquent d’argent pour se les payer . Un régime d’assurance-médicaments mis en œuvre de façon appropriée pourrait éviter aux gens d’avoir à faire le choix difficile entre payer leurs médicaments et répondre à leurs autres besoins fondamentaux, y compris la nourriture.

La Loi concernant l’assurance-médicaments vise actuellement à couvrir les médicaments contre le diabète et la contraception, ce qui est un début, mais il est urgent de l’étendre à d’autres médicaments essentiels. Sa mise en œuvre doit également être exempte d’obstacles et non stigmatisante.

Logements abordables

Le Budget 2024 priorise les investissements visant à résoudre la pénurie de logements abordables au Canada. L’abordabilité des logements étant directement liée à l’insécurité alimentaire, nous accueillons avec plaisir cet objectif. De plus en plus, les gens manquent de moyens pour se nourrir après avoir payé leurs frais de logement. 

Nous constatons avec satisfaction que le Budget 2024 inclut : 

  • Un montant additionnel de 1 milliard de dollars pour le lancement d’une nouvelle équipe pour la création rapide de logements dans le cadre du Fonds pour le logement abordable dans le but de construire 60 000 nouveaux logements abordables et de réparer 240 000 logements additionnels d’ici 2031;
  • Des investissements de 477,2 millions de dollars en 2024-2025 et de 147,8 millions de dollars les années suivantes pour le lancement du Fonds canadien de protection des loyers, doté d’une enveloppe de 1,5 milliard de dollars, pour protéger le parc de logements abordables du Canada;
  • La somme additionnelle de 1,3 milliard de dollars sur quatre ans, à compter de 2024-2025, pour Vers un chez-soi : la stratégie canadienne de lutte contre l’itinérance, afin de stabiliser le financement lié à ce programme, d’accélérer les réductions de l’itinérance à l’échelle des communautés et de trouver des solutions aux campements et à l’itinérance hors refuge.

Grâce aux fonds versés à des organisations sans but lucratif afin qu’elles fassent l’acquisition de logements locatifs existants, les loyers resteront abordables et un plus grand nombre de personnes seront logées. De plus, les améliorations apportées à l’Allocation canadienne pour le logement aideront les locataires à conserver leur logement. Compte tenu du lien étroit entre insécurité alimentaire et accessibilité au logement, nous soutenons les appels lancés par le secteur du logement en faveur d’une amélioration et d’une augmentation de ce soutien.

Nous pensons que l’Allocation canadienne pour le logement devrait être versée dans le cadre du régime fiscal, comme la Prestation canadienne pour enfants. Cette mesure permettrait d’éliminer des obstacles et de soutenir les gens avant qu’ils sombrent dans l’itinérance ou qu’ils soient confrontés à des besoins impérieux en matière de logement.

En outre, pour assurer l’abordabilité future des logements, des cibles de logements abordables devraient être associées à tous les éléments du nouveau Plan du Canada sur le logement, et tout financement attribué aux provinces pour les initiatives liées au logement devrait être assorti d’une condition prévoyant l’introduction d’un contrôle des loyers.

Des places en garderie à un prix abordable

Les services de garde d’enfants abordables constituent souvent un obstacle à la recherche d’un emploi et peuvent rapidement gruger dans le budget mensuel d’une famille. La création d’une infrastructure permettant de créer davantage de places en garderie à 10 $ par jour est un élément important du filet de sécurité sociale que nous appuyons sans réserve.

Accès équitable aux prestations et services

Le versement des prestations dans le cadre du régime fiscal est problématique depuis toujours, car cela laisse pour compte les gens qui ne produisent pas leur déclaration de revenus, lesquels font souvent partie de ménages à faibles revenus ou habitent dans des régions isolées. 

Les mesures prises dans le Budget 2024 pour mettre à l’essai des programmes de préremplissage des déclarations de revenus sont encourageantes. Nous espérons que ces programmes permettront aux gens de recevoir les prestations auxquelles ils ont droit afin qu’ils puissent mieux répondre à leurs besoins alimentaires.

Ce que nous revendiquerons maintenant

Une cible pour la réduction de l’insécurité alimentaire

L’absence dans ce budget d’une cible de 50 % de réduction de l’insécurité alimentaire d’ici 2030, par rapport aux taux de 2021, est décevante. 

L’établissement d’une cible favorise la responsabilisation et garantit que les budgets tels que celui-ci sont évalués en fonction de leur capacité à atteindre les objectifs fixés. 

Défendue par une large coalition de partenaires de l’industrie et de la société civile de tout le pays, cette cible contribuerait grandement à galvaniser l’action visant à remédier aux niveaux critiques d’insécurité alimentaire au pays. Nous continuerons donc à nous mobiliser autour de cette recommandation clé.

Investissement dans le soutien au revenu pour les personnes qui en ont le plus besoin

Bien que le budget prévoie des investissements essentiels dans le filet de sécurité sociale, il n’investit pas de manière significative dans le soutien direct au revenu des personnes vivant dans la pauvreté. 

Pourtant, nous savons que le meilleur moyen de lutter contre l’insécurité alimentaire est de faire en sorte que les gens disposent d’un revenu suffisant pour acheter la nourriture dont ils ont besoin. 

Nous continuerons donc à revendiquer un soutien direct au revenu prenant les formes suivantes :

  • La bonification de l’Allocation canadienne pour les travailleurs canadiens, y compris son élargissement aux personnes âgées de 18 à 64 ans, qu’elles travaillent ou non. Ce groupe est lourdement touché par la pauvreté et nécessite une attention et un soutien accrus. 
  • Une allocation pour l’épicerie et les besoins de base d’un montant mensuel pouvant atteindre 150 $ par adulte et 50 $ par enfant, selon le revenu.
  • Un régime d’assurance-emploi plus généreux et plus accessible qui reflète les réalités actuelles du marché du travail.

Le taux d’insécurité alimentaire est nettement plus élevé chez les communautés autochtones et noires que chez les communautés blanches, et nous continuerons à revendiquer la mise en œuvre équitable des politiques sociales et de revenu afin de venir en aide aux populations les plus à risque de connaître l’insécurité alimentaire. Nous travaillons également en collaboration avec le réseau autochtone de CCAC afin de garantir l’intégration d’une approche centrée sur les Autochtones dans toutes les futures activités de défense des politiques.

Conclusion

Ce budget comprend des mesures indispensables pour renforcer le filet de sécurité sociale du Canada. Ces investissements contribueront à améliorer la qualité de vie des gens, et nous félicitons le gouvernement fédéral d’avoir pris des mesures en ce sens. 

Il est toutefois décevant que le gouvernement n’ait pas profité de ce budget pour augmenter immédiatement le soutien direct au revenu en vue de mieux aider les 6,9 millions de Canadien-ne-s qui souffrent d’insécurité alimentaire. En tant qu’organisation qui se consacre à la sécurité alimentaire et qui soutient le gouvernement fédéral dans son engagement à l’égard du droit à l’alimentation, nous sommes d’avis que des mesures urgentes devaient être prises dans ce domaine. 

Au cours de l’année à venir, nous travaillerons avec nos nombreux partenaires afin de créer un pays où chacune et chacun a une place digne et saine à la table.

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